mardi 20 juillet 2010

Pourquoi tout paraît enfin possible quand tout devient impossible ?

Ce billet est un hommage à la tribu de Dana et à Akim, le fils du forgeron.

Donc, Dolmen.

Pour certains, ce n'est qu'une saga de l'été druidicoconne diffusée par TF1 il y a quelques années. Saga qui a révélé au grand jour le talent éclatant de ses interprètes Chauvin et Madinier, les Bernhardt et Poquelin des temps modernes.

Mais les initiés ne s'y trompent pas : c'est une saga littéraire, une trilogie de nanars de haute volée :
- Dolmen 1, La Malédiction
- Dolmen 2, Les Oubliés de Killmore
- Dolmen 3, la Dernière Malédiction

D'aucuns verront de l'essoufflement dans la titraille, mais "malédiction" vaut 10 points en champ lexical ésotérique.

Autant avertir de suite : ça va spoiler dans les mots qui vont suivre. Que ceux qui ne veulent pas savoir pourquoi les menhirs saignent quand Ingrid Chauvin s'en approche ou pourquoi Yves Rénier survit à des chutes de 100 mètres de haut sans s'empaler sur les rochers en contrebas détournent le regard.

Des menhirs mystérieusement mystérieux

Pourquoi c'est un nanar:
- Parce qu'il y a des druides : à moins de s'appeler Panoramix, le druide range immédiatement le livre dont il est le héros dans la catégorie nanar. Surtout quand le druide est une vieille femme handicapée qui en plus est la tante d'Yves Rénier et qui contrôle la Bretagne entière depuis ses roulettes.

- Pour la recherche préalable à l'écriture nanar : Félicitations aux auteurs (il fallait bien être deux pour atteindre cette grâce) pour leur travail : tous les personnages et lieux importants ont "Ker" dans leur nom, parce que K, ça fait drôlement Breton. Les familles rivales sont les Kermeur et les Kersaint, l'île s'appelle Ty Kern..

- Parce qu'un savant fou dont les expériences sont inspirées des Nazis a cloné le héros, lui donnant ainsi un jumeau maléfique.

Je vous rappelle que le héros, c'est Bruno Madinier. Ils ont cloné Cordier.

A ce stade, prendre quelques instants de recul pour relire ces dernières lignes. Si un frisson de joie vous parcourt, vous êtes faits pour les mauvais livres.

- Parce qu'il ne se passe pas quinze pages sans que soit fait allusion à l'opulente poitrine de l'héroïne. Y compris par son père.

- Parce que le père (d'Ingrid Chauvin donc) est un faux Irlandais (-10 pts druidiques) faux écrivain vrai noble breton (+15 pts druidiques) vrai repris de justice (+10 pts héros tourmenté) qui zigouille une petite dizaine de personne pour venger la femme avec laquelle il avait été marié pendant environ quinze minutes quarante ans auparavant, avant que des petits Bretons ne fassent échouer le bateau ou elle naviguait pile sur son île natale. L'île natale du père, pas de la femme.

Un peu perdu ? C'est normal.

Comble de malchance, l'Irlandaise (qui n'était pas Bretonne mais enceinte de 8 mois) qui avait réussi à nager 10 km dans l'eau glacée se fait égorger par le papa du papa d'Ingrid qui est rien qu'un méchant vieux avide d'argent et qui veut récupérer le butin d'un cambriolage réalisé par son fils et ses copains.

Oui, les lingots n'ont pas coulé dans le naufrage, ils ont flotté. On voit d'ailleurs bien que Liliane Bettencourt n'a pas lu le livre, sinon elle aurait su qu'il valait mieux tout balancer dans le Léman plutôt que de planquer dans des coffres.

Bref, tout ça met Yves très en colère (d'autant plus qu'il commence à devenir chauve et qu'il ne peut plus casser la gueule à tout le monde, comme il a perdu ses papiers de commissaire), surtout qu'il a passé 38 ans en prison.

Comme toute personne normalement constituée, il revient donc sur l'île pour massacrer après les avoir hypnotisés tous les responsables d'un naufrage auquel il n'a jamais assisté , le tout en faisant pleurer des larmes de sang à des dolmens qui se trouvent là parce que ça fait plus druidique.


Yves habite dans un phare mystérieusement situé près de la mer

- Le hic nanar : Yves se prend d'amitié pour Ingrid, pour une raison "qu'il ne s'explique pas, même si un frémissement dans son cœur lui souffle". Probablement son combat féministe contre les soutien gorge.

Ca tombe mal, parce qu'Ingrid, c'est la sœur des petits Bretons qui ont coulé la copine enceinte il y a 38 ans. Ingrid a aussi 38 ans et personne ne sait trop où elle est née, mais comme les années passé en taule à bouffer de la sauce à la menthe ont un peu atteint le cerveau d'Yves, il ne fait le rapprochement qu'en page 432.

Entre temps, Bruno Madinier qui joue le flic parisien blindé contre les superstitions s'est recoiffé quarante-huit fois, a rejoint Ingrid dans son combat pour la libération mammaire et a prononcé LA phrase culte de la trilogie : Pourquoi tout paraît enfin possible quand tout devient impossible ?
A ce jour, je m'interroge encore.

Bref, Yves est le papa d'Ingrid, qui en cinq minutes aime plus son père biologique qui a dégommé quinze personnes dont ses frères que des parents qui l'ont élevée toute une vie, l'ingrate.

On peut la comprendre cela dit, même au stade confit, Yves a plus de prestance que les caricatures à la Tipiak que sont les vieux parents adoptifs.

Nous voilà à la fin du tome 1, et tout est bien qui finit bien, sauf que non car il faut faire les suites.

Suites où l'on apprend, en vrac, que le papa de Bruno Madinier l'a cloné, que son jumeau maléfique couche avec Ingrid en Irlande après l'avoir enfermé dans un couvent high-tech, qu'Ingrid descend de la reine Dana (on y revient), que leur rencontre avait été fomentée par une vieille en fauteuil roulant qui oeuvre pour la Source, rétablir l'Ordre (majuscules hasardeuses : +12pts ésotériques) et tue au nom d'Artémis (membre aléatoire du panthéon grec : +30 pts) et surtout qu'Yves n'a pas du tout tué les gens qu'il avouait lui-même avoir tué dans le premier volume. Non, c'était un tueur à gage envoyé par la vieille, qui devait en avoir marre de se farcir les redifs du Commissaire Moulin.


Conclusion : c'est bon comme le bon pain, ou plutôt comme un Kouig Amman. Un Kerouig Amman, même.


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