jeudi 29 juillet 2010

Aux armes, etc.

Aujourd'hui, nous ne parlerons pas de Plastic Bertrand, dont la déchéance est proportionnelle à la gloire passée. (Donc tout le monde s'en moque.)

Non, il s'agit d'aborder une section chère à mon coeur, le nanar historique, et une de ses sous catégories les plus fournies : le navet révolutionnaire.

Période trop souvent résumée à quinze lignes d'un manuel Histoire-Géographie 6ème, ou pire, à la promotion des idéaux qui font la grandeur de la France (la liberté, l'égalité, la fraternité et l'intime conviction que les Parisiens sont des connards), la Révolution est surtout un nid à amours contrariées entre gens qui ne sont pas du même camp.
Avec sa manie de toujours vouloir faire le malin en soirée, Louis avait fini par énerver ses camarades.

Prenons Pétouillot le sans-culotte et Machinette la bouseuse du sud bocage, qui crève la faim mais trouve toujours le temps d'être épilée - exactitude historique j'écris ton nom - et dont la crinière, ondoie en permanence.

NB : Les rôles sont interchangeables, Pétouillette et Machinot ayant à peu près la même histoire, sauf qu'alors Machinot est un personnage important de la contre-révolution et a une espérance de vie plutôt limitée - statistiquement, les choses se sont plutôt mal finies pour les généraux vendéens - et Pétouillette rentre au couvent, tant elle ne pourra plus jamais aimer d'autre homme que Machinot qu'elle connaissait depuis au moins dix jours.

Donc, Pétouillot et Machinette se rencontrent et s'aiment, et ça ne ne plaît pas du tout à Robespierre, qui, entre deux trois exécutions ponctuées de ricanements maléfiques, n'a visiblement rien d'autre à faire que d'essayer de les séparer.

Et oui, c'est toujours Robespierre. Des esprits chagrins pourraient penser que c'est parce que c'est le seul révolutionnaire que les auteurs connaissent, mais c'est sûrement parce que c'était le plus méchant des méchants. Je m'étais lancée dans le navet révolutionnaire avec très peu de sympathie pour ce garçon mais alors que j'atteins allègrement le quinzième ouvrage consacré à sa cruauté trop cruelle, je me suis un peu attachée. C'est d'autant plus facile que Pétouillot et Machinette sont exceptionnellement fatigants, et que leur histoire d'amour est digne d'une chanson écrite par le talentueux Grégoire.
 Toi plus moi plus eux plus tous ceux qui le veulent mais pas Robespierre qui est bien trop méchant

Tout ce bonheur et ces gambadements (ça gambade beaucoup, ce qui est étonnant vu que l'intrigue se situe surtout dans des marais), ça gonfle Maximilien, qui a horreur des gens heureux, de l'amour et des  fleurs. Non, lui son truc c'est plutôt les messes noires, la strangulation de bébés chats et, dans les vrais chefs-d'oeuvre, la franc maçonnerie.
Du coup, dans son temps libre et entre deux sudokus, il fomente des plans incroyablement tordus pour séparer Pétouillot et Machinette. On lui conseillerait bien de faire décapiter tout le monde en page 2 pour s'éviter des maux de tête inutiles, mais ça serait trop facile.

 Fuck you, Danton.

Le nanar révolutionnaire prend toute son ampleur au cinéma. Ainsi le chef d'oeuvre Chouans! de Broca, qui dépeignait un désolant triangle entre une Sophie Marceau ayant oublié son cerveau à la Boum, un Lambert Wilson roulant plus les yeux que jamais et  un Stéphane Freiss s'engageant dans la contre révolution sur un malentendu, le tout sous le regard ému d'un Philippe Noiret occupant ses journées à inventer l'avion. En 1793.

(A ce stade, on s'attend à voir Robespierre passer en Harley Davidson  en faisant des doigts et en criant "mdr", mais la scène a du être coupée au montage.)

Chouans!, c'est un peu un Avatar avant l'heure, le combat des méchants armés jusqu'aux dents contre les gentils indigènes, avec des Républicains tellement cons qu'ils se prennent des raclées à 340 contre 12 dont 10 vieux et Charlotte de Turckheim.

C'est aussi un film fin et dénué de clichés, puisqu'on voit très bien le moment où Lambert Wilson bascule dans la cruauté thermidorienne, quand, avec un rictus figé, il exécute un ado niaiseux de sang froid.

C'est surtout un naufrage, celui de Sophie Marceau, dont l'unique expression faciale - le désarroi hébété - se reflète sur le visage du spectateur pendant tout le film.

Il est où Grégoire ?

J'avais bien aimé, ne serait-ce que pour la prestation du prêtre réfractaire sociopathe qui égorgeait à grand renforts de Pater.

Hasta la vista, baby.

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