dimanche 20 février 2011

L'homme de la situation

Aujourd'hui, nous ne parlerons pas de Stanislas, le chanteur irritant à la troublante ressemblance avec Frédéric Lefèbvre, même si on gagnerait à s'attarder sur l'homme qui a commis de si belles paroles :

Un tour de manège
Autour de nous qui
Prenons tous le
Un tour de tournis
Autour de nos vies
Qui montent et qui descendent
Un tour de looping
Pour voir
Si notre amour
Vaut le tour

Ni fleurs, ni couronnes.

Non, aujourd'hui nous nous consacrerons plutôt à Frédéric Diefenthal, l'homme par qui toutes les catastrophes humanitaires France Télévision arrivent.

Qui pour un remake de Cartouche ? Ou alors un film sur Châteaubriand (qui après le visionnage du susdit chef d'oeuvre doit être en train de faire des triple lutz dans sa tombe) ? 

Coucou les copains c'est François-René rofl

Frédéric, c'est l'homme de la situation, quelle que soit la casserole qu'on lui colle au derche. Il a même joué avec Clémentine Célarié, c'est dire.

Frédéric joue très souvent des rôles de flics, dans lesquels il est aussi crédible que Pierre Ménès en danseuse étoile.

Tel une Sophie Marceau des temps moderne, il est doté d'une unique expression : la stupidité ébahie

Bref, Frédéric a beaucoup fait pour ce blog, pour la culture, et pour la France en général. Saluons donc la bravoure d'un homme qui s'est mis corps et âme au service des belles lettres.

Merci, Frédéric.

jeudi 29 juillet 2010

Aux armes, etc.

Aujourd'hui, nous ne parlerons pas de Plastic Bertrand, dont la déchéance est proportionnelle à la gloire passée. (Donc tout le monde s'en moque.)

Non, il s'agit d'aborder une section chère à mon coeur, le nanar historique, et une de ses sous catégories les plus fournies : le navet révolutionnaire.

Période trop souvent résumée à quinze lignes d'un manuel Histoire-Géographie 6ème, ou pire, à la promotion des idéaux qui font la grandeur de la France (la liberté, l'égalité, la fraternité et l'intime conviction que les Parisiens sont des connards), la Révolution est surtout un nid à amours contrariées entre gens qui ne sont pas du même camp.
Avec sa manie de toujours vouloir faire le malin en soirée, Louis avait fini par énerver ses camarades.

Prenons Pétouillot le sans-culotte et Machinette la bouseuse du sud bocage, qui crève la faim mais trouve toujours le temps d'être épilée - exactitude historique j'écris ton nom - et dont la crinière, ondoie en permanence.

NB : Les rôles sont interchangeables, Pétouillette et Machinot ayant à peu près la même histoire, sauf qu'alors Machinot est un personnage important de la contre-révolution et a une espérance de vie plutôt limitée - statistiquement, les choses se sont plutôt mal finies pour les généraux vendéens - et Pétouillette rentre au couvent, tant elle ne pourra plus jamais aimer d'autre homme que Machinot qu'elle connaissait depuis au moins dix jours.

Donc, Pétouillot et Machinette se rencontrent et s'aiment, et ça ne ne plaît pas du tout à Robespierre, qui, entre deux trois exécutions ponctuées de ricanements maléfiques, n'a visiblement rien d'autre à faire que d'essayer de les séparer.

Et oui, c'est toujours Robespierre. Des esprits chagrins pourraient penser que c'est parce que c'est le seul révolutionnaire que les auteurs connaissent, mais c'est sûrement parce que c'était le plus méchant des méchants. Je m'étais lancée dans le navet révolutionnaire avec très peu de sympathie pour ce garçon mais alors que j'atteins allègrement le quinzième ouvrage consacré à sa cruauté trop cruelle, je me suis un peu attachée. C'est d'autant plus facile que Pétouillot et Machinette sont exceptionnellement fatigants, et que leur histoire d'amour est digne d'une chanson écrite par le talentueux Grégoire.
 Toi plus moi plus eux plus tous ceux qui le veulent mais pas Robespierre qui est bien trop méchant

Tout ce bonheur et ces gambadements (ça gambade beaucoup, ce qui est étonnant vu que l'intrigue se situe surtout dans des marais), ça gonfle Maximilien, qui a horreur des gens heureux, de l'amour et des  fleurs. Non, lui son truc c'est plutôt les messes noires, la strangulation de bébés chats et, dans les vrais chefs-d'oeuvre, la franc maçonnerie.
Du coup, dans son temps libre et entre deux sudokus, il fomente des plans incroyablement tordus pour séparer Pétouillot et Machinette. On lui conseillerait bien de faire décapiter tout le monde en page 2 pour s'éviter des maux de tête inutiles, mais ça serait trop facile.

 Fuck you, Danton.

Le nanar révolutionnaire prend toute son ampleur au cinéma. Ainsi le chef d'oeuvre Chouans! de Broca, qui dépeignait un désolant triangle entre une Sophie Marceau ayant oublié son cerveau à la Boum, un Lambert Wilson roulant plus les yeux que jamais et  un Stéphane Freiss s'engageant dans la contre révolution sur un malentendu, le tout sous le regard ému d'un Philippe Noiret occupant ses journées à inventer l'avion. En 1793.

(A ce stade, on s'attend à voir Robespierre passer en Harley Davidson  en faisant des doigts et en criant "mdr", mais la scène a du être coupée au montage.)

Chouans!, c'est un peu un Avatar avant l'heure, le combat des méchants armés jusqu'aux dents contre les gentils indigènes, avec des Républicains tellement cons qu'ils se prennent des raclées à 340 contre 12 dont 10 vieux et Charlotte de Turckheim.

C'est aussi un film fin et dénué de clichés, puisqu'on voit très bien le moment où Lambert Wilson bascule dans la cruauté thermidorienne, quand, avec un rictus figé, il exécute un ado niaiseux de sang froid.

C'est surtout un naufrage, celui de Sophie Marceau, dont l'unique expression faciale - le désarroi hébété - se reflète sur le visage du spectateur pendant tout le film.

Il est où Grégoire ?

J'avais bien aimé, ne serait-ce que pour la prestation du prêtre réfractaire sociopathe qui égorgeait à grand renforts de Pater.

Hasta la vista, baby.

mardi 20 juillet 2010

Pourquoi tout paraît enfin possible quand tout devient impossible ?

Ce billet est un hommage à la tribu de Dana et à Akim, le fils du forgeron.

Donc, Dolmen.

Pour certains, ce n'est qu'une saga de l'été druidicoconne diffusée par TF1 il y a quelques années. Saga qui a révélé au grand jour le talent éclatant de ses interprètes Chauvin et Madinier, les Bernhardt et Poquelin des temps modernes.

Mais les initiés ne s'y trompent pas : c'est une saga littéraire, une trilogie de nanars de haute volée :
- Dolmen 1, La Malédiction
- Dolmen 2, Les Oubliés de Killmore
- Dolmen 3, la Dernière Malédiction

D'aucuns verront de l'essoufflement dans la titraille, mais "malédiction" vaut 10 points en champ lexical ésotérique.

Autant avertir de suite : ça va spoiler dans les mots qui vont suivre. Que ceux qui ne veulent pas savoir pourquoi les menhirs saignent quand Ingrid Chauvin s'en approche ou pourquoi Yves Rénier survit à des chutes de 100 mètres de haut sans s'empaler sur les rochers en contrebas détournent le regard.

Des menhirs mystérieusement mystérieux

Pourquoi c'est un nanar:
- Parce qu'il y a des druides : à moins de s'appeler Panoramix, le druide range immédiatement le livre dont il est le héros dans la catégorie nanar. Surtout quand le druide est une vieille femme handicapée qui en plus est la tante d'Yves Rénier et qui contrôle la Bretagne entière depuis ses roulettes.

- Pour la recherche préalable à l'écriture nanar : Félicitations aux auteurs (il fallait bien être deux pour atteindre cette grâce) pour leur travail : tous les personnages et lieux importants ont "Ker" dans leur nom, parce que K, ça fait drôlement Breton. Les familles rivales sont les Kermeur et les Kersaint, l'île s'appelle Ty Kern..

- Parce qu'un savant fou dont les expériences sont inspirées des Nazis a cloné le héros, lui donnant ainsi un jumeau maléfique.

Je vous rappelle que le héros, c'est Bruno Madinier. Ils ont cloné Cordier.

A ce stade, prendre quelques instants de recul pour relire ces dernières lignes. Si un frisson de joie vous parcourt, vous êtes faits pour les mauvais livres.

- Parce qu'il ne se passe pas quinze pages sans que soit fait allusion à l'opulente poitrine de l'héroïne. Y compris par son père.

- Parce que le père (d'Ingrid Chauvin donc) est un faux Irlandais (-10 pts druidiques) faux écrivain vrai noble breton (+15 pts druidiques) vrai repris de justice (+10 pts héros tourmenté) qui zigouille une petite dizaine de personne pour venger la femme avec laquelle il avait été marié pendant environ quinze minutes quarante ans auparavant, avant que des petits Bretons ne fassent échouer le bateau ou elle naviguait pile sur son île natale. L'île natale du père, pas de la femme.

Un peu perdu ? C'est normal.

Comble de malchance, l'Irlandaise (qui n'était pas Bretonne mais enceinte de 8 mois) qui avait réussi à nager 10 km dans l'eau glacée se fait égorger par le papa du papa d'Ingrid qui est rien qu'un méchant vieux avide d'argent et qui veut récupérer le butin d'un cambriolage réalisé par son fils et ses copains.

Oui, les lingots n'ont pas coulé dans le naufrage, ils ont flotté. On voit d'ailleurs bien que Liliane Bettencourt n'a pas lu le livre, sinon elle aurait su qu'il valait mieux tout balancer dans le Léman plutôt que de planquer dans des coffres.

Bref, tout ça met Yves très en colère (d'autant plus qu'il commence à devenir chauve et qu'il ne peut plus casser la gueule à tout le monde, comme il a perdu ses papiers de commissaire), surtout qu'il a passé 38 ans en prison.

Comme toute personne normalement constituée, il revient donc sur l'île pour massacrer après les avoir hypnotisés tous les responsables d'un naufrage auquel il n'a jamais assisté , le tout en faisant pleurer des larmes de sang à des dolmens qui se trouvent là parce que ça fait plus druidique.


Yves habite dans un phare mystérieusement situé près de la mer

- Le hic nanar : Yves se prend d'amitié pour Ingrid, pour une raison "qu'il ne s'explique pas, même si un frémissement dans son cœur lui souffle". Probablement son combat féministe contre les soutien gorge.

Ca tombe mal, parce qu'Ingrid, c'est la sœur des petits Bretons qui ont coulé la copine enceinte il y a 38 ans. Ingrid a aussi 38 ans et personne ne sait trop où elle est née, mais comme les années passé en taule à bouffer de la sauce à la menthe ont un peu atteint le cerveau d'Yves, il ne fait le rapprochement qu'en page 432.

Entre temps, Bruno Madinier qui joue le flic parisien blindé contre les superstitions s'est recoiffé quarante-huit fois, a rejoint Ingrid dans son combat pour la libération mammaire et a prononcé LA phrase culte de la trilogie : Pourquoi tout paraît enfin possible quand tout devient impossible ?
A ce jour, je m'interroge encore.

Bref, Yves est le papa d'Ingrid, qui en cinq minutes aime plus son père biologique qui a dégommé quinze personnes dont ses frères que des parents qui l'ont élevée toute une vie, l'ingrate.

On peut la comprendre cela dit, même au stade confit, Yves a plus de prestance que les caricatures à la Tipiak que sont les vieux parents adoptifs.

Nous voilà à la fin du tome 1, et tout est bien qui finit bien, sauf que non car il faut faire les suites.

Suites où l'on apprend, en vrac, que le papa de Bruno Madinier l'a cloné, que son jumeau maléfique couche avec Ingrid en Irlande après l'avoir enfermé dans un couvent high-tech, qu'Ingrid descend de la reine Dana (on y revient), que leur rencontre avait été fomentée par une vieille en fauteuil roulant qui oeuvre pour la Source, rétablir l'Ordre (majuscules hasardeuses : +12pts ésotériques) et tue au nom d'Artémis (membre aléatoire du panthéon grec : +30 pts) et surtout qu'Yves n'a pas du tout tué les gens qu'il avouait lui-même avoir tué dans le premier volume. Non, c'était un tueur à gage envoyé par la vieille, qui devait en avoir marre de se farcir les redifs du Commissaire Moulin.


Conclusion : c'est bon comme le bon pain, ou plutôt comme un Kouig Amman. Un Kerouig Amman, même.


Interlude

Quand j'étais petite, je croyais que j'allais devenir Jedi, me marier avec Ewan McGregor et que nous passerions l'éternité à nous regarder amoureusement dans le blanc des yeux pendant que nos dauphins domestiques cabrioleraient dans notre piscine olympique.

Maintenant que je suis grande, je n'arrive toujours pas à faire bouger le moindre petit crayon par la pensée, et non seulement je sais qu'Ewan ne se déclarera jamais mais en plus ça va faire cinq nuits d'affilée que je rêve de Bernard Lavilliers.

La morale de cette belle histoire, c'est que dans la vie, on n'a pas toujours ce qu'on veut et qu'il faut avoir conscience de ses capacités.

Normalement, cette leçon est maitrisée vers quatorze ans, âge des premières soirées et de leurs inévitables gifles au moment des slows, mais certains se refusent obstinément à la retenir. Parfois, ça donne des grands hommes, dans la lignée d'Alexandre le Grand et Hannibal Barca.

Et parfois, ça donne Vincent Perez.

kikoo je suis  Louis XV lol

dimanche 18 juillet 2010

Le fermoir de mon sac

Aujourd'hui, nous parlerons peut être du Rituel de l'Ombre, thriller judéo-maçonno-nazique, si j'arrive à dépasser la page 15.

Je sens confusément qu'il y a un vrai travail de recherche même pas nanar pour ce livre, et le titre quant à lui super nanar m'avait drôlement alléchée, mais là, voilà, je suis déçue.

On s'ennuie, les cadavres n'en finissent plus de gésir dans leur sang, leurs yeux grands ouverts dans un dernier regard d'effroi et en plus les auteurs ont oublié de donner une personnalité à leurs personnages féminins.

Parenthèse : tout bon auteur de nanar sait qu'il y a une combine qui marche à tout les coups pour trouver son titre :

Le/la [nom à connotation ésotérico-religieuse 1] de l'/du/des [nom à connotation mystérieuse et sombre 2]
 
Exemple : 
- Le rituel de l'ombre
- La liturgie du crépuscule  
- La malédiction du druide noir
- L'ombre du Templier
- ...


Faites le test dans votre point Relay le plus proche.

Attention, cette méthode ne fonctionne pas avec les mots usuels. Ainsi, Le slip de mon oncle ou La boucle de ma ceinture n'attireront guère.

Sauf si c'est le titre du dernier roman français chiant d'un auteur français chiant reconnu.

Donc, Le Rituel de l'Ombre.

Le vrai soucis, c'est que l'utilisation de la Franc Maçonnerie dans les nanars ne m'égaie plus, même quand elle est présentée comme une confrérie de mégalomanes ésotériques* agissant au nom de la cousine du frère de la grande soeur de Jésus, de Xenu et des plantes vertes.

Ca doit être que je n'ai rien compris au projet secret des Maçons de dominer le monde à grand coups de tablier.

 Les futurs maîtres du monde, et en plus ils sont Québécois.
* Mot toujours aussi passe-partout.

jeudi 15 juillet 2010

Une larme unique trace un sillon sur mon visage défait

On entre en mauvais livres comme en religion : il faut choisir ses idoles avec révérence.

Avec un peu de pratique, on apprend à séparer le nanar du navet : Marc Lévy n’écrit pas des mauvais livres, il écrit des crimes contre la littérature. Comme toujours, c’est en forgeant qu’on devient forgeron*, et à mes débuts, je me suis infligée « Et si c’était vrai ».

Comment, alors, reconnaître le mauvais livre ?

Premier indice : l’image de couverture. Depuis quelques années – en fait, depuis Dan Brown, qui a beaucoup fait pour la cause du mauvais livre – la mode est à l’ésotérique.

Comme personne ne sait véritablement ce que veut dire ésotérique, ça passe très bien.

Le mauvais livre se reconnaît donc à sa couverture cryptico-maçono-catholico-lol, souvent ornée d’une variation sur le thème du crucifix, du poignard, ou, si l’on tend vraiment au sublime, du crucifix, du poignard ET du symbole franc-maçon.

Sous indice : le bandeau de l’éditeur : « Un thriller ésotérique à glacer le sang ! » / « Le secret maçonnique gardé depuis des millénaires », « L’histoire vraie de Marie Madeleine ».

Autre indice, le titre : Ainsi, « Frère de Sang », « Apocalypse », « Le treizième apôtre », « L’évangile selon Satan » laissent tous présager du mauvais livre. Ils sont d’ailleurs tous en tête de gondole dans les points Relay, temples du nanar.

Autre sous catégorie : le mauvais livre historique. Parfois, c’est un mauvais livre historico-ésotérique. Le nanar historique est souvent adapté par France Télévisions. Sa couverture est souvent un tableau d’époque (on n’est pas à deux ou trois siècles près) que l’éditeur a trouvé joli ou qu’un stagiaire a trouvé sur Flickr.

Parfois c’est une biographie, et parfois, l’auteur est sous le charme de son sujet. Alors le nanar touche au grandiose, et on lit le journal intime d’un auteur de 14 ans qui dessine des cœurs autour de Louis XV, de Napoléon, ou pour les plus inquiétants, de Désiré Landru.

Mais couverture, titre et bandeaux ne sont que des préludes à ce qui vaut sa consécration au mauvais livre : le texte.

Mais c’est dans l'inventivité du champ lexical que le nanar se révèle dans toute sa splendeur : un corps « opulent dans sa plénitude », un prêtre jureur « plus sectaire que vicaire », des « yeux noisettes qui virent au gris tempete » (ça doit mettre mal à l’aise dans les soirées)… rien n’est assez fort, qu’on mette à mort les tenants du « less is more », ils n’ont rien compris.

Ca va swinguer.



*L’auteur n’a pas peur des clichés, ni des poncifs. Ca tombera pas plus bas, c’est en forgeant qu’on devient forgeron, et pierre qui roule n’amasse pas mousse.